S'il y a un coin à visiter pour ne rien voir c'est l'Île de Sein. Son côté "bout du monde" sec, chauve, plat et bétonné n'a rien pour attirer le touriste... malgré tout il y a "du" touriste sur cette île minuscule, très peu habitée. Il y a du touriste justement pour ce qu'elle représente : un bout du monde petit et peu habité, coupé de la terre, coupé de la facilité, coupé du confort... tout devient difficile là-bas. On vit quasiment sur la base d'une économie de guerre : on n'achète pas la quantité de nourriture que l'on veut, non Madame ! Ne vous avisez pas d'acheter 2 baguettes d'un coup à l'épicerie : le commerçant sait que vous vivez seul et qu'une baguette par jour vous suffira, il a un cahier sur lequel il met une croix en face de votre nom. Il y a un médecin, un facteur, une mini caserne de pompier... les seuls autorisés à se déplacer sur roues car les véhicules motorisés et même les vélos sont interdits sur l'île. Cette âpreté laisse forcément des traces dans le caractère des habitants. Ces insulaires ont la peau dure et ont créé l'histoire des lieux à leur image : courage, abnégation, débrouillardise et dureté. Ainsi l'île de Sein sera un des hauts lieux de la Résistance pendant la IIè Guerre Mondiale puisque tous les hommes en capacité de se battre sont allés rejoindre De Gaulle sans hésiter, le Général réservant ses premières visites symboliques à l'île en guise de remerciement pour ce dévouement sans équivalent ailleurs. Bref, arriver sur cette île (après une traversée qui retourne l'estomac) c'est arriver sur un lieu chargé de tempérament autant que le paysage reste vide, seulement perturbé de pierres, de roches et de phares. Total, se rendre là-bas c'est côtoyer de la gifle, du buriné, du sec, du compliqué.
En soi, donc, ma photo est collector puisque que j'ai pris en photo un des très très rares vélos autorisés sur l'Île.
Île de Sein (Finistère, Bretagne, juillet 2009) (c) p.o.v.
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