samedi 1 mai 2010

La valse des vents noirs

 Quelque part en Touraine (France, Indre-et-Loire, juillet 2009) (c) p.o.v.
La campagne solitaire s'éteignait meurtrie par la valse sombre de vents nouveaux. Ils soulevaient toute la sourde colère des sols et la déchéance qui avait grandi dessus pour empoussiérer de misère ce qu'il restait des bons souvenirs. Ils avaient pour traces des sifflements stridents, perpétuels, insupportables, qui cinglaient les oreilles comme le sable violemment jeté à la figure pique les yeux. Leur infernale ritournelle faisait plier les herbes mais aussi un peu ce ciel où les nuages cédaient à la panique du désordre. Çà et là, ils chuchotaient ou l'acide ou l'amer au creux des pensées de ceux qui tentent d'effacer, d'oublier, de ne pas regretter. Ce que l'on ne pouvait plus se refuser d'entendre redécorait d'ombre tout ce que l'on n'arrivait plus à voir. Les assauts répétés, victorieux et cyniques des vents de juillet-août, marquaient d'un sillon profond un air annonciateur de jours lourds, tus et vaincus. Mauvais, ils emportaient la substance invisible et mystérieuse qui charpente les raisons d'être, qui écrivent la chronique des jours. La seule chose que ces vents n'arriveraient pas à emporter c'était moi, déshabillé des illusions, maquillé à mon tour d'ombre et de poussière.


Cela fait partie de mes "projets triples", à savoir associer photo, texte et musique persos (je sais, ça fait beaucoup de choses...)

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