mardi 22 juin 2010

L'ambiance à vif - XXIV

"Souvent, c'est arrivé que je te sente inquiète, assise à m'observer, doigts croisés sur la tête. Tu restais au salon puis tu passais la porte, jaugeant le pavillon, priant qu'un vent l'emporte. Nous voilà bien mal barrés... je le devinais dans tes yeux, j'assistais déjà, sans broncher, à nos adieux : on n'en aura fait qu'une bouchée de la vie à deux. Du coup, j'anticipais sur ma future sciatique, les muscles ankylosés  qu'aucune envie n'irrigue. Et les nuages bleutés et le soleil superbe s'en trouvaient invités à s'écraser dans l'herbe. Nous voilà privés d'été et l'hiver s'annonce douloureux dans le froid, les lèvres gercées et la foudre au fond des yeux : nous, on l'a cryogénisée la vie à deux. Parfois, tu fus frappée par un  pareil échec puis soudain persuadée qu'il faudrait faire avec. C'est qu'on existe encore, c'est qu'on espère toujours. En attendant la mort, on considère l'amour. Et nous voilà, pieds et poings liés, à vivre de serments foireux si déjà nos jours sont comptés, tant pis pour eux : je ne crois pas les regretter. Nous voilà, les pieds, les poings liés, à vivre de serments foireux si déjà nos jours sont comptés, ce sera tant pis pour eux : je ne crois pas les regretter... qu'un jour sur deux."
© p.o.v.

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