samedi 31 juillet 2010

La disparition des pigeons voyageurs

Avant de m'installer définitivement chez les Ibères, et comme je l'ai répété/écrit 15 fois déjà, il faut que je fasse un premier voyage genre "prise de contact" avec le sol huescan (je suis pas sûr du gentilé...), papiers, compte en banque, bonjour à la dame, et repérer un logement... etc. Le tout en un temps record évidemment parce qu'après il faut que je revienne pour tout "boucler" en France (déménagement - enfin - de ma prison tourangelle, les dernières paperasses importantes genre impôts, sécu, Pôle Emploi). Or pour ce petit intermède, j'ai déjà dit que c'était compliqué d'y aller pour diverses raisons. Mais finalement, dans ma tête c'est clair, j'irai en voiture... après maintes réflexions mais aussi un peu contraint et forcé. J'ai pensé à toutes les éventualités : 

1/ Le train : très très long et hors de prix en plus, faudrait vraiment que je sois con ou riche, ou les deux (des noms ?) pour choisir ce moyen-là.
2/ L'avion : je pouvais partir pour pas cher vers Barcelone ou Saragosse, puis prendre un train pour Huesca ensuite mais le hic c'est que j'aurais dû rester la nuit en Catalogne ou à Saragosse avant de pouvoir chopper un train pour me rendre là où je veux aller. Aucun intérêt, je préfère payer l'hôtel à Huesca, une fois sur place, que dans des étapes de voyage. De plus, je savais quand prendre un billet aller mais n'avais aucune idée précise de mon retour alors...
3/ J'avais pensé aussi aller en train jusqu'à une ville près de la frontière (Pau, Dax ou autres) et louer une voiture pour finir les bornes qu'il restait mais là aussi c'est hors budget. Puis donc, quand on ne sait pas trop quand on revient, pour louer une bagnole ça n'est pas possible.

De fait la voiture c'est la meilleure solution en terme d'effort/longueur/prix. Bon, ça va me faire autour de 800 bornes pour le trajet, soit 1600 km en peu de temps mais je m'en sens capable, faire du trajet en bagnole ne m'a jamais rebuté, je n'ai pas peur des kilomètres. En revanche, ce qui est moins drôle c'est de tout faire tout seul, le temps va me sembler d'une longueur interminable, pour le trajet et sur place, comme quand je me retrouvais comme un idiot seul pendant 3 jours pour passer mes oraux de CAPES... Avis à la population : s'il y a un pigeon qui veut m'accompagner en Espagne, il sera le/la bienvenu(e).

Oui, ce qui est triste mais cadre parfaitement avec tout ce que j'ai pu décrire pendant des mois, c'est que personne ne s'est véritablement proposé de m'accompagner pour ce petit périple (hormis sieur Dorio mais les dates, ses projets et les miens collent pas apparemment). Je veux dire que d'un point de vue hypra-égocentrique ça remet encore une petite claque et me rappelle le très mauvais goût que j'ai eu dans la bouche pendant toute l'année sur le délire d'être seul, de plus en plus seul quand on n'a de plus en plus besoin (spécial dédicace à tous mes anciens amis fantômes).

A croire que tout le monde a autour de soi un proche, un ami, une connaissance qui part faire sa vie à l'étranger, avec 12000 trucs à faire en même temps, tous les 4 matins et que c'est la routine, un truc béta, tout con à faire, torché en 10 minutes. Cela en dit long sur la trace indélébile que je laisse dans la tête de chacun. Je vais pas faire ça 20 fois dans ma vie moi, hein. Pourtant, je me suis fait fort d'annoncer à tout le monde qu'enfin je partais en Espagne, que les choses bougeaient. Si la plupart du monde se trouve "curieux", "content", "intrigué" voire "envieux" de ma situation, pas un pécore n'a eu l'audace de me dire "bah, si t'as besoin d'un peu d'aide pour le trajet ou autre, dis-le". On pense toujours plus aux vacances qu'on pourrait venir éventuellement passer chez moi dans le futur, que dans l'aide qu'on pourrait m'apporter dans le présent. Mais je vais sans doute passer pour un égoïste, un nombriliste. J'ai, quand-même, cette fameuse pote et sa mère qui m'ont évidemment proposé de l'aide mais je veux absolument les laisser tranquilles, merde, elles ont assez supporté mon poids pénible : je leur dois le repos pendant ces vacances-là. Pourtant j'ai de la famille, frère et sœur, qui ne va plus me revoir si ce n'est à Noël et autres très rares occasions : que dalle... tous sont en vacances et chez eux mais ils doivent se dire que c'est simple pour moi, on ne va pas aider le frangin quand-même, j'ai pas eu de proposition de coup de main de leur part. Pas une seule fois (hormis une pote dans un mail à qui j'ai dit que les cartons ça se faisait à mon rythme, je le pense toujours) quelqu'un ne m'a dit aussi "tu veux de l'aide pour déménager ?"... des fois que je dirais "oui", ils ne sont pas fous ! Ils font sans doute semblant d'attendre que je leur demande ce qui est l'évidence pour comprendre, un peu comme quand on faisait semblant de pas comprendre que la solitude me tuait, au sens propre. Donc pour mon changement de vie, je vais tout faire tout seul de A à Z une fois de plus. Et là me reviennent en tête les heures passées à mettre du parquet flottant chez untel, à construire des meubles chez un autre, à soulever des tonnes de gravats chez une autre, à me taper 500 bornes pour déplacer un frigo d'un point à un autre...etc...etc. Je suis vraiment qu'un gros blaireau et on dirait que j'aime ça. Depuis des semaines j'ai une espèce de colère bien terrible qui monte, qui monte, en moi, faite de grosse rancune envers à peu près tout mon entourage. Je me rends compte de plus en plus qu'en plus de ne pas m'avoir soutenu, il a fortement contribué à ce que j'aille de plus en plus mal. Quand tout ce merdier sera derrière moi, je peux vous dire qu'il ne faudra pas venir taper à ma porte ou me demander quoi que ce soit. Je ne leur rendrai plus jamais service. C'est fini, je me le suis juré. Rares restent les personnes dans mon panthéon de ce à qui j'ai envie de donner un coup de main. C'est taré, moi à chaque fois qu'un pote a déménagé par exemple, direct je lui ai dit "je passe quand tu veux t'aider, dis-moi". Même si ça me faisait gravement chier car, franchement, je suis plutôt de la race des immenses fainéants. Mais j'aimais bien rendre service. Là, c'est fini donc. Cela a déjà été très pénible, dur, d'être tout seul quand j'étais très mal... ça fait quand-même un peu chier de voir qu'on l'est aussi quand on essaye de prendre de l'élan, de positiver même si je ne suis plus au bord du gouffre comme j'ai pu l'être.

4 commentaires:

  1. les pigeons rotis ça marche aussi ?

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  2. à la broche, c'est une délice... mais faut enlever les plombs de carabine parce que ça croque sous la dent sinon...

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  3. une colère légitime :/ je comprends pas, toujours pas, ce qui les rend sourds et/ou aveugles.

    mais ce que j'aime lire ça :
    "d'être tout seul quand j'étais très mal..."
    juste pour le temps choisi :)

    quelle est ta date buttoir pour le boulot ?

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  4. Je commence le 1er septembre à Huesca j-30 ;-)
    Pour le reste : j'ai passé tellement d'énergie à essayer de passer outre mes idées noires, que maintenant l'énergie que j'ai je la mets beaucoup dans cette colère qui monte en moi, qui grandit... c'est parce que je retrouve de l'estime de moi, un peu, que je m'autorise enfin à en vouloir véritablement à beaucoup de gens.

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