mardi 2 novembre 2010

Fais comme l'oiseau... !

Quand on me connaît personnellement, quand on me "suit" depuis des années, ce que je vais raconter n'a aucune dimension étonnante, franchement.
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Toussaint, ouais ! Youpi, 3 jours de congés et en plus une amie (oui, oui, de ces fameuses-là qui ne vous laissent pas tomber ni ne se la jouent silence-radio incompréhensible) en vacances en France venait nous voir un collègue et moi en la cité espagnole où je vis. C'était bien sympa, ça me faisait drôle de voir la pote en Espagne bien qu'elle fût elle-même prof d'espingouin, on changeait de décor. Bref, à 3 on a un peu bougé partout pendant ces 3 jours (excepté le samedi où j'ai abandonné l'équipe qui allait à Zaragoza pour faire les boutiques et que je ne suis pas fan de Zaragoza ni des boutiques !). Le collègue devant travailler lundi nous proposa à la pote et à moi d'aller faire un circuit simple de randonnée autour des Mallos de Riglos, un site somptueux, accidenté mais touristique. On a dit banco et avec Yaoule, nous voilà partis vers 11h pour le petit parcours. 40 bornes en voiture et après, normalement, 2h30 de marche. Sur le dessin ils nous disaient de suivre les balises bleues... ok, va pour les balises bleues alors.
Mallos de Riglos (Espagne, Aragón, novembre 2010) © p.o.v.

On démarre, la joie au cœur en respirant l'air et le paysage, ça commence à grimper, à s'accidenter un peu mais on n'est pas des rigolos on s'avance fièrement vers les Mallos. On alterne entre chaleur à crever en plein soleil et grands moments de froid à l'ombre avec un putain de vent à décorner des bœufs indécornables. Rien ne semble empêcher la progression du fier duo franchouillard mais hispanophile, dans le doute et voyant se raréfier les balises nous demandons à nos condisciples espagnols que nous croisons de nous indiquer le chemin s'ils le connaissent. La plupart ne le connaissant pas il me semble adéquat d'utiliser cette expression que je n'ai pas employée depuis février 1996 : "nous étions grosjean comme devant". Mais on continue à progresser parmi les ronces, les caillasses et à siroter du regard la magnifique vue qui nous est offerte.

Puis à moment, Ya se promène près du ravin et se mange une bourrasque diabolique en pleine tête, de celle qui transforme les planches à voile en satellites météo et vous place en orbite direct. Voyant la copine dangereusement partir le cul en arrière dans le précipice, j'utilise ma virilité brachiale pour la retenir et lui permettre de prolonger un peu sa vie ; elle qui veut avoir des enfants une chute de 50 mètres dans le vide est fort peu recommandée. Mon geste de bravoure façon "reste avec moi mignonne" a eu pour conséquence drôle mais pénible de voir mes lunettes sortir comme un Mirage 2000 depuis un porte-avion en bon état. J'ai pu assister pour la première fois de ma vie à un émouvant envol de lunettes... bel oiseau aux yeux de verre et aux ailes branchues (faites d'un alliage mystérieux de plastiques et autres molécules savantes). Prises dans le tourbillon de la vie et surtout celui du vent, mes lunettes voyagent au-dessus du précipice, narguant le vide de leur liberté retrouvée, elles qui étaient enchainées au lobe cartilagineux d'oreilles propres mais qui en avaient tellement entendu au temps jadis...

Me voilà transformé en René la Taupe, et pour le coup je suis mignon mignon mignon mais gros... et sans lunettes. Tout ça pour sauver une amie d'une belle cascade de cinéma. Je m'en rends compte qu'au jour le jour il m'aurait été plus simple de laisser tomber l'amie, j'aurais été triste mais j'y verrais vachement plus net au moment où j'écris cet article. La fin de la randonnée, je l'ai vécue façon vision LSD des débuts seventies. Je rappelle que le chemin était mal balisé et que donc, fatalement, nous nous sommes perdus, ça me semble évident ! Nous sommes montés trop haut, je ne sais pas comment on s'est débrouillés pour prendre un autre chemin mais le périple "originel" de 2h30 s'est transformé en une "odyssée" de sang et larmes de 5 bonnes heures ! Ma pote et moi avons tour-à-tour pété les plombs, elle parce qu'elle se sentait perdue, moi parce que je voulais péter la gueule au ventilo géant qui, en plus de me piquer mes lunettes, me soufflait un froid glacial dans le dos, séchant ma transpiration dorsale et mes illusions. 
 Vivante, au prix d'une paire de lunettes... arf... © p.o.v.

Arrivés à "bon port", au soulagement s'est unie la fatigue. On n'a même pas eu le courage d'aller manger, on est rentrés chez nous direct pour nous reposer non sans avoir avalé un breuvage bulleux à base de paracétamol et de rage. Le 3è acolyte qui nous avait conseillé ce circuit mérite au moins la garde-à-vue... "vue" si je puis dire. Me voilà sans lunettes avec un dossier ophtalmo en France à Tours et ma vie en Espagne. Bon courage à moi pour me refaire faire une paire assez vite !!!

5 commentaires:

  1. oh punaise mais t as trop la chance toi...

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  2. allez, râle pas, ça fait des souvenirs que tu raconteras au coin du feu à tes petits-zenfants... (et non, curieusement, ça ne m'étonne pas trop...) ;)

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  3. Oui, "pas de bol" est un peu mon deuxième prénom Charlotte !

    Ben, ouais, faut pas que je râle mais ça coûte cher une paire de lunettes... même si ok, raconter cette histoire est plutôt cocasse...

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  4. ah j'ai encore mangé un bon biftèque ! :D
    t'es trop un héros, c'est tout ! un héros bigleux mais un héros quand-même ;)

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  5. le prie dans l'histoire c'est que je ne suis pas sûr que la copine serait vraiment tombée... mauvais calcul !

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