jeudi 31 mars 2011

Ferme-la ! (Enfin, fais gaffe avant, vérifie tout !)

Arf, encore des anecdotes bien de "chez moi"... ce que je vais vous raconter n'étonnera pas ceux qui me connaissent un peu (pas vrai Dorio, pas vrai Nathalie ?).

Samedi, Huesca... le soleil, la montagne, les filles... mais plus rien à boire dans le frigo. Plus rien de vraiment propre à se mettre, la vaisselle qui pleurait dans l'évier. Bref, samedi dernier c'était un de ces jours où fallait quand même un peu se bouger le cul pour survivre à la crasse et pour se nourrir. On met la musique, on met du liquide vaisselle et on part pour un nettoyage à fond de tout ce qui m'est utile de ne pas manger à même le sol avec les doigts. La tâche fut rude mais la mission remplie. On lance une machine à laver (pas trop fort sinon ça fait mal), programme C, 40°. Après ça, une petite douche top chrono, un lavage de crinière, un coiffange à la Jean-Louis David du pauvre, un habillage soigné mais décontracté : je suis fin prêt pour prendre mon grand sac jaune "Hyper Simply" et partir dans les aventures des courses du week-end dans le fameux "Hyper Symply" situé à 1 km de chez moi. D'un pas décidé je m'en allais affronter mon destin. J'ouvre la porte pour sortir, j'entre dans le couloir de la gloire. Je ferme ma porte, le coeur léger... soudain une vision, une pensée horrible me traverse l'esprit, un flash effroyable qui me pousse à chantonner intérieurement.

"Meeeeeeerde, j'ai laissé les clefs à l'intérieur !!!"

Là, à cet instant précis, j'ai toute ma vie qui défile dans ma tête, mes réussites mes échecs forment un roman-photo dont les pages se tournent à une vitesse défiant le Millenium Falcon de Han Solo. Je pousse ce cri qui vient de l'intérieur, sans doute un écho de mes clefs qui devaient beugler "pauvre con, tu as oublié de nous emmener avec toi, maudit sois-tu !"

Samedi, Huesca... j'entends chanter l'angoisse, je frôle les murs moites de la honte qui s'empare de moi, je renifle les premières senteurs de ce qui allait forcément s'apparenter à un samedi de merde.

Que faire, me voilà sans possibilité de retourner dans l'appartement puisque le double des clefs de celui-ci est dans ma voiture dont les clefs sont elles aussi dans l'appartement ? Ce n'est pas du Kafka que je vous conte-là Mesdames et Messieurs, c'est juste un épisode des déja trop fournies "chroniques de la connerie ordinaire", habillée de son vibrant halo d'étourderies. Oui, que faire ?

1/ Aller à l'agence qui m'a loué l'appart, elle a un double des clefs. C'est bien, on revient, malgré le choc, sur des fondamentaux de bon sens, un vague optimisme commence à envahir chaque pore de ma peau grasse. Nous sommes samedi, l'agence est fermée. Pas de clef et pas de moyen de contacter le proprio puisque seul l'agence a son numéro.

2/ Sonner chez les voisins pour qu'ils m'indiquent s'il y a, non loin, un "presidente de la comunidad" (un président du syndic) qui aurait un double des clefs ou, au moins, une solution à me proposer. Et là me revient cette phrase que j'ai entendue 130 fois depuis que je suis arrivé à Huesca : "que por aquí la gente es muy cerrada" (="ici les gens sont très fermées")... "comme ma porte", me dis-je alors. Alors oui, j'ai sonné, j'ai sonné à toutes les portes... personne n'a répondu. A la mélodie criarde que produisait les sonnettes de chaque appartement répondait un silence insultant.

3/ Aller en ville trouver une serrurerie ouverte. Nous sommes samedi, à Huesca... ce samedi-là, c'est le défilé des tambours de "cofradias" (confréries), bref : tout est fermé... là, on se sent maudit, franchement, n'ayons pas peu de le dire.

4/ On en est déjà à 2h30 de perdues et 5 kilomètres dans les pattes à se trainer un sac jaune pour rien... unique solution : aller chez les flics. A deux kilomètres à pied du point où cette idée lumineuse est venue cogner à la porte de mon moi, surmoi, et sousmoi. Arrivé à la "Policia Local" avec les pieds en deuil, les cheveux en guerre mondiale (en bataille serait inexact), le front aussi sec qu'une piscine olympique, j'expose mon problème au brave monsieur de l'accueil, fier fonctionnaire des forces de police espagnole. Il tapote, il tapote sur son ordimini et au bout de cinq longues minutes me donne ce code magique : le numéro et adresse d'un serrurier 24/24 qui bosse le week-end, il n'y en a qu'un : "Cerrajero Justo". J'en suis à 3h30 de périple.

5/ Le serrurier arrive, il est 19h20. Je lui expose mon problème, nous resonnons à toutes les portes, sur l'interphone du bâtiment, pour qu'on puisse nous ouvrir l'entrée de celui-ci. Tiens, ça répond ! On nous ouvre ! J'explique au serrurier que personne ne m'a ouvert quelques heures plus tôt et que je doutais que tout le monde soit parti, ce à quoi il rétorqua par le désormais célèbre "sabes, que por aquí la gente es muy cerrada", je n'ai évidemment pas pu m'empêcher de lui dire "¡ como la puerta del piso !" (="comme la porte de mon appartement !"). A ma grande surprise, ça ne l'a pas fait tordre de rire, j'ai juste eu un sourire en coin de charité. Je faisais de l'humour de mec qui puait sous les bras avec une poche jaune inutile aussi, il ne savait pas ! Nous arrivons devant la porte de mon appart', tel Ali Baba devant la caverne, le serrurier s'accroupit pour observer son challenge. Diagnostic professionnel rapide mais minutieux. Il s'approche de moi l'air grave comme pour annoncer que le petit chien est mort et me dit "vete un ratico por ahí, que no puedes ver lo que voy a hacer" (="va-t-en un instant ailleurs, tu ne peux pas voir ce que je vais faire"). Mince, gros dégueullasse ! Il va faire des cochonneries ? Non, en fait, on ne peut pas voir comment manipule un serrurier, c'est de l'ordre du facile apparemment, un coup à prendre et si nous voyons ledit truc... bah : ils n'ont plus de boulot. Un peu comme le magicien qui ne donne pas ses trucs. J'entends "clac", le "clac" libérateur, j'ai envie de hurler "Aquí se queda la clara, la entrañable transparencia..." de la poitrinnaire reprise de "Hasta Siempre" de Nathalie Cardone, tellement je suis soulagé.



Hmm : 60 euros de moins sur le compte.

J'étais parti le coeur léger pour faire des courses, j'avais les poches légères aussi et au final c'est mon portefeuille qui s'est allégé. Mais bon, je suis chez moi.

2 commentaires:

  1. très étonnée que ce genre de truc t'arrive... effectivement... (c'est mal, mais j'ai souri...)

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  2. rira bien qui rira le dernier... j'y crois aux gendarmes sur la route de tes exploits photo... bon, la blague à 60 euros c'est surtout ça qui passe pas, j'ai beau pas être radin, ça m'a quand-même fait mal...

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