vendredi 30 avril 2010

Florent Marchet - "France 3"

Florent Marchet (dont le timbre de voix rappelle celui d'Alain Souchon) a sorti un sacré album intitulé "Rio Baril" début 2007. C'est une sorte d'album concept, roman musical, qui compte l'histoire d'un village imaginaire "Rio Baril" à travers la trajectoire biographique - forcément imaginaire - d'un pauvre gars névrosé, de son enfance (glauque) à après ses trente ans. Rio Baril (intéressante juxtaposition du rêve induit par "Rio" et du moche induit par "Baril") sent bon le village de campagne, complètement perdu, typique de l'hexagone, un lieu empli d'ennui et d'anecdotes, d'hypocrisie, de ragots et de belles destinées, d'honnêtes gens et de gens malhonnêtes... un endroit qui mêlerait tout le malaise et le confort de l'enfance, un "chez soi" supposé rassurant mais dont on voudrait fuir. Florent Marchet a le don de raconter des histoires jamais pénibles, jamais ennuyeuses, avec cet humour parfois noir, très souvent 2è degré. Comme s'il rendait hommage à une sorte de culture, de cinéma social sonore, mais en s'en moquant très légèrement, avec cette distance élégante sur des sujets graves.


Le morceau "France 3" raconte l'histoire de ce mec, connu de tous dans Rio Baril, qui un jour pète les plombs, ce qui traumatise l'ennui-ronron du village. Les habitants du village ne lui pardonnant rien, prêts à le tuer... l'environnement qui l'a rendu fou lui met des coups à taire, lui faisant croire qu'il l'a chéri avant... héros de l'équipe de foot locale jadis, il est répudié...

"On a parlé de toi hier soir, c'est dingue
Au JT de France 3, une histoire de flingue
Pourquoi t'es revenu ?
J'y crois pas, ça décoiffe
Le bordel dans la rue
Et tous ces photographes !

J'ai beau faire un effort
Mais qu'est-ce qui t'as pris
Le cœur qui se perfore
Un quart-d'heure de folie
A deux jours de Noël et dire qu'il faisait beau !
Combien de décibels ont boxé ton cerveau ?

Je ne veux pas te parler, tu dois me comprendre
Es-tu vraiment aussi cinglé qu'ils le prétendent ?

Ils ont parlé de toi, de ta course, de ta fuite
Au JT de France 3, que tu roulais trop vite
La bagnole défoncée, le flanc dans le fossé
Plus de peur que de mal
Ils t'ont eu, animal !

Apeuré, menotté, déçu d'être vivant
Tu as toujours été un bien mauvais perdant
Ici on t'aimait bien, rappelle-toi la finale !
Ça fait un mal de chien ton nom dans le journal

Je ne veux pas te parler, tu dois me comprendre
Es-tu vraiment aussi cinglé qu'ils le prétendent ?

On en parle partout dans le nord du pays
As-tu pensé à nous, à ta femme, tes amis ?
Dire qu'il aurait suffi d'une montre en avance
D'un job à la mairie ou d'une panne d'essence !

Je ne veux pas te parler, tu dois me comprendre
Es-tu vraiment aussi cinglé qu'ils le prétendent ?
Je ne veux pas te parler, tu dois me comprendre
Es-tu vraiment aussi cinglé qu'ils le prétendent ?

Ici on t'aimait bien, un sacré joueur de foot !
Ça fait un mal de chien
Allez, va te faire foutre !!!
Ici on t'aimait bien, un sacré joueur de foot !
Ici on t'aimait bien, ici on t'aimait bien."

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