lundi 26 avril 2010

Sous un ciel lait d'argent

 Plage bretonne (c) p.o.v.

Le ciel était un lait d'argent visité par les nuages discrets, détendus, qui semblaient supporter tout son poids. Quelque chose en nous, sûrement, voulait qu'il se perce pour s'alléger mais aussi répandre un peu de sa magie humide sur le sable, pour entrer en dialogue avec sa presque jumelle flaque mercure dans laquelle il se reflétait. La plage imitait le calme de l'eau. Omnisciente et cachée, une brise soufflait des replis sur la mer qui, à son tour, froissait dans une respiration continue le tissu de sable. La plage était alors un journal d'empreintes du vent dont seul la sérénité du moment pouvait déchiffrer les cantiques. Les pays au loin n'étaient réduits qu'à l'expression indécise d'une ligne dégrossie, de traits désajustés qui raturaient ou le ciel, ou le sol. Ils étaient les intrus et les étrangers du paysage, tout autant que nous pouvions l'être. Après tout nous étions terriens et terrestres, de la caste inférieure que composent les choses qui existent par rapport à la noblesse de celles qui s'imaginent. Au milieu de tout cela, dans cet apaisement qu'offraient l'immensité, la profondeur, seule la discrétion de ce que nous ne pouvions être eût semblé rendre grâce au moment. Loin de tout, hors de tout, loin de nous, hors de nous.

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