vendredi 7 mai 2010

"Faire le mur" de Maximilien Le Roy





J'avais découvert Maximilien Le Roy avec son précédent ouvrage Hosni qui était une bd documentaire (donc une histoire vraie) sur le sort, à la première personne, d'un SDF musulman qui commençait à sortir de la rue et racontait sa descente aux enfers et sa remontée à la surface. J'avais été séduit par la pudeur du propos, la sobriété de l'ensemble qui mettait bien en valeur "une vie". Je me suis attaqué à Faire le mur, un projet qui s'articule autour d'un thème bien plus délicat et controversé : les territoires occupés de Cisjordanie. Maximilien Le Roy reprend les mêmes ingrédients que pour Hosni : récit à la première personne d'une vie, documentaire dessiné d'une histoire vraie prise dans un ou des contextes, pudeur et lyrisme des propos, traits sobres.
Mahmoud Abu Srour est un épicier palestinien de 25 ans qui  vit dans le camp d’Aïda en Cisjordanie et qui a des rêves plein la tête : il aime dessiner, se balade toujours avec un carnet de croquis, il veut s'extirper de sa condition et voyager, il voudrait rencontrer une belle fille et vivre avec... il ne connaît tout ça que par procuration ou miettes. Il vit dans la nostalgie de son enfance, d'avant l'annexion par Israël des terres où il jouait. Plus qu'une haine qui aurait poussé en lui, c'est l'incompréhension et un sentiment prenant d'injustice qui l'envahissent. Nous suivons alors ses réflexions sur le conflit israelo-palestinien, réflexions forcément subjectives plus que caricaturales mais qui sont teintées de regrets éthérés plus que de ressentiments virils. En essayant de nuancer le propos il nous donne sa vision de ce que nous nous entendons par "terrorisme" quand lui invite à regarder cela sous l'angle de "résistance", il nous peint un tableau émouvant d'un quotidien barré par le mur construit par les Israéliens pour protéger leurs colonies, mur qui l'empêche de voir sa sœur qui habite en territoire israélien. Il nous invite à réfléchir sur les conditions de vie des palestiniens peut-être plus que sur le conflit lui-même et ses causes. C'est un état des lieux plus qu'un réquisitoire. Les seuls rayons de soleil qui viendront inonder les phalanges noires de ses espoirs déçus seront les courts moments passés avec Audrey, cette belle française blonde, dont il ne cessera de croquer le portrait sur son carnet de songes.

Maximilien Le Roy, à partir de ses coups de crayon, se fait le porte-parole d'une biographie palestinienne parmi tant d'autres. J'avoue que pour moi le sujet des territoires occupés, du conflit israélo-palestinien, reste un sujet épineux car il est très difficile d'avoir un avis définitif ; ma tête à moi est pleine d'avis différents, parfois contradictoires, sur cette douloureuse affaire. Dès lors que l'on essaye de se mettre complètement à la place de chaque "camp" on trouve mille raisons pour justifier leur façon d'agir et de vivre. J'ai du mal à toujours trouver la politique d'Israël insensée, et j'ai du mal à trouver la réaction, la façon de faire, de se débattre, des Palestiniens insensée aussi. Maximilien Le Roy nous apporte donc un éclairage plutôt documenté sur les conditions de vie des Palestiniens à travers un personnage mûr, réfléchi mais qui (et c'est normal) défend sa cause. Ce qui fait que, fatalement, l'ouvrage est partial, amené à nous faire pencher notre avis plus vers un côté mais c'est fait avec tact ; ce qui fait qu'au final on est sûrement plus attaché au personnage qu'au contexte terrible.

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