mercredi 14 juillet 2010

Chaleur, sous-vêtements, moustiques et portefeuille


Bon, il semble que je revienne un peu à la vie ces derniers temps après mon année de prison pour avoir commis l'erreur d'être en dépression, quel salaud j'ai été, ça se fait pas, hein ? Ce qu'il y a de bien quand on va mieux c'est qu'on aiguise une forme de rancœur sereine envers tout un tas de choses, de faits et de personnes. On n'oublie rien de rien, mais c'est plus serein. Alors que je ne m'autorisais pas d'en vouloir à ceci ou à cela, à ceux-ci ou à ceux-là, parce que je ne me pensais pas lucide et trop mal pour ça : et bien je me rends compte qu'avec un avenir un peu plus léger je me permets d'être plus sévère encore. Non, non, je ne reviendrai pas dessus, aujourd'hui je vais me concentrer sur du positif.
1/ La Corrèze : j'ai finalement réussi à y aller, c'est pour revenir que c'était coton, je n'avais finalement pas d'autre choix que de prendre le train. Et Brive/Poitiers en train c'est ni fait ni à refaire, 4 heures de tortillard pour se taper 200 bornes je trouve que c'est un peu l'arnaque. Surtout quand on a rien à lire et que le MP3 est déchargé. 

Le séjour chez la pote s'est bien passé... c'était chaud, très chaud. Je parle de la température : on s'est mangé un bon vieux 39°C un jour, et quand on connaît mon amour pour les températures extrêmes, je vous laisse imaginer mon état. Le mieux c'est d'avoir fait des boucles de rando dans les hauteurs corréziennes avec un temps étouffant en bouffant tout un tas d'insectes inconnus tous les deux mètres.
Entre autres moments collector : un concert de musique africaine dans un bled paumé avec un couple imbibé de bière qui s'est lancé dans des chorégraphies que j'appelle personnellement "La Torchada"-
 
ce genre de danse bizarre qu'on fait quand on est bourré - ou encore ma pote qui me balance son soutif à la gueule alors qu'elle conduit parce que la chaleur la gêne et qu'elle veut être à l'aise, dommage j'ai pas eu l'idée de lui balancer mon slip au front en représailles... etc.
Bon ça m'a fait du bien de partir là-bas et de surtout rigoler enfin avec une pote qui jusqu'à présent m'avait surtout entendu me plaindre, chialer, faire des remarques, me prendre la tête...etc. Cela m'a fait plaisir d'être revenu le joyeux drille pas prise de tête qu'elle a connu avant. Même si toutes les connexions sont pas rétablies dans ma tête.

2/ De retour de Corrèze, à peine arrivé, je me devais de me rendre à l'annif des 29 ans (seul elle pourrait expliquer en quoi ce nombre est symbolique pour un annif) d'une ancienne collègue "de quand j'étais pion". J'ai eu cette impression d'être à un mariage où l'on ne connaît que la mariée, à savoir que tous ses potes se connaissaient (évidemment !) et que moi je ne connaissais aucun de ses potes. Bon, la soirée était bien sympa malgré tout, ça m'a permis de faire quelques connaissances... j'ai discutaillé avec une jolie mexicaine mais étais trop nase pour entamer les négociations, dommage la latine était intéressante et il semble que définitivement je cultive un faible pour les latinos et les Mexicaines en particulier : petites blondes passez votre chemin ! Je pensais rester qu'une heure, fatigué par cette inactivité ferroviaire, j'y suis resté jusqu'à 2 heures du mat', comme quoi... puis, hein, voir du monde j'en ai été tellement sevré que là voir 30 personnes d'un coup c'est comme avoir un shoot max de drogues dures. 

Les grands solitaires de ce monde me comprendront... parce que les autres, non ! (oui, j'en remets une couche dès que je peux !). A noter que je me suis bien fait bouffer par les moustiques, ce qui ne m'était pas arrivé depuis des lustres, à croire que mon sang est de nouveau comestible par ces petites enculées qui font ce bruit si insupportable et que la citronnelle n'effraie plus depuis le 23 mars 1992.
3/ Suite à cela, la factrice de tiramisus jégolandiens, par une manoeuvre SMS, m'indique qu'elle passe dans le coin le mardi. Cool, pas revue depuis l'hiver, elle passe une journée ou deux dans la Brenne, établissant le bivouac Quechua et camionesque dans le sémillant camping municipal du Blanc, ancienne terre de mes exploits professoraux. A peine arrivé sur place je croise en voiture un ancien élève qui me fait des grands signes pour me dire bonjour. A peine arrivé aussi, je perds mon portefeuille avec tous mes papiers importants. Je me suis dit que c'était une belle manière de boucler avec art cette année de merde, je n'étais même pas énervé ni franchement paniqué : l'avalanche de soucis fait que quand un nouveau pointe son nez on n'est même plus étonné et ça nous accable pas, on trouve même ça normal. Malgré tout j'ai retourné la bagnole, refait les chemins comme un clébard en espérant retrouver le rectangle de cuir noir qui s'était fait la malle.
Que nenni : échec et mat. Puis je me rends, en denier espoir, non loin de l'endroit où je pensais avoir perdu le bidule, à l'accueil du club de Canoë Kayak... pour y retrouver un ancien élève qui y travaille et qui me fait "Oh Monsieur V. !" "Salut Th., qu'est ce que tu deviens ?" "J'ai eu mon bac, je rentre en prépas maths... et j'ai eu 11 en espagnol au bac !" "Ah ben au moins, j'ai pas fait trop de dégâts sur toi !" "Oh ben non, non.." Sympathique échange et je me réjouis de voir qu'un de mes anciens élèves de seconde, plutôt lent au démarrage à l'époque, ait redressé la barre. En plus il me dit "votre portefeuille on nous l'a apporté mais il n'est plus là, faut aller voir à la Police Municipale"... après avoir recroisé encore une ancienne élève (toute fière de me dire qu'elle rentrait en fac d'espagnol à Poitiers... du coup je lui ai filé mon e-mail en cas de besoin), je me lançais à la recherche de mon portefeuille que j'ai fini par retrouver, ouf ! Suite de la journée à visiter quelques petits coins de Brenne (dommage il faisait trop chaud), terminus dans une crêperie du Blanc que je n'avais jamais remarquée, repas payée par NatDia qui a intérêt à m'offrir la revanche, dans les Pyrénées si elle trouve le moyen de pousser le camion jusque là-bas. C'était bizarre pour moi de remettre les pieds dans un coin où j'ai vécu un an et où je n'étais pas revenu depuis deux... mélange de bons et mauvais souvenirs.

4/ Depuis quelques temps, ma rancœur tenace fait que je m'entraine à ne plus en avoir rien à foutre de ceux qui ont fait semblant de penser que j'étais déjà cliniquement mort, des trouillards de tout poil, des fainéants de l'amitié...etc. Et ça m'a donné envie de reprendre contact avec des gens que j'avais - malgré moi - laissé tomber à la suite de mon départ de la cité pictave et avec qui j'étais en très bons termes. A ma grande joie j'ai pu recontacter une ancienne collègue CPE d'un établissement où j'ai bossé, qui semblait vraiment contente de me retrouver aussi ; ça fait du bien de voir qu'on ne fait pas peur aux gens et qu'ils sont simplement contents d'avoir de vos nouvelles. Du coup, allez hop, demain je déjeune avec. J'avais déjà début juillet revu une ancienne collègue pionne, la Mouchette comme je l'appelle, qui elle aussi était juste contente de me revoir.

Voilà, donc en l'espace de presque 10 jours je pense avoir eu plus de vie sociale qu'en 12 mois... si autour de moi on avait pigé ça plus vite je crois que ça m'aurait évité des paragraphes de délires introspectifs, ça m'aurait économisé pas mal de nerfs.

1 commentaire:

  1. Ça fait plaisir à lire tout ça =) (et oui, les grands solitaires comprennent).

    RépondreSupprimer