samedi 15 janvier 2011

A l'espagnole

Il n'y a pas à dire, je débarque "dans" une nouvelle culture et une nouvelle façon de gérer les rapports humains et, peu à peu, à force de comparer je comprends pourquoi les Français ont la réputation d'être froids comme des glaçons. C'est une lapalissade que de dire que c'est en vivant dans un pays étranger finalement on se rend compte de qui l'on est vraiment. En effet, l'Espagne, pays latin par excellence, jouit d'une réputation de pays de fêtards, de gens ouvertes sur les autres, avec une superficialité, une légèreté, qui contraste avec le génie individualiste, refermé, du peuple de l'hexagone. Les rapports avec les gens ici sont beaucoup plus directs que ceux que j'ai eus auparavant. Cela reste superficiel donc mais surtout beaucoup plus agréable.



Ici il faut parler fort, question de survie ! C'est à se demander s'il existe des timides en Espagne... ou alors ils se cachent ! En début d'année je me contentais d'un bonjour à la française discret mais poli. Désormais je gueule quand j'arrive. En même temps le "bonjour" ("¡ hola, buenas !") reste distant dans la mesure où l'on ne va pas, par exemple, se serrer la main ou se faire la bise facilement. L'Espagne n'aime pas le contact physique pour ce genre de protocole.
(allez, une image un peu cucul ça fait pas de mal !)

Mais en France, à moins de connaître très très bien ses collègues, on ne va pas se taper la bise pour se souhaiter de bonnes vacances. Et bien, ici, en Espagne, le jour du départ pour les vacances de Noël, tout le monde s'est embrassé... quand je dis "tout le monde", c'est vraiment tout le monde ! La copine qui est resté dans mon appart' pour Noël et venue m'accompagner au boulot par curiosité pourrait en témoigner. C'était assez surprenant.

Pour le retour des vacances, même topo : en France on se souhaite gentiment la bonne année, du coin des lèvres, on peut réserver un peu de chaleur pour les collègues de qui on se sent proches et on se contente de grommeler ses vœux plus discrètement à ceux qu'on connaît un peu moins. En Espagne, tout le monde se souhaite "un feliz año" à coups de bises et autres embrassades. Le lundi de la rentrée j'ai passé mon temps à lécher la pomme de tous mes collègues, à serrer des pognes dans tous les sens.
Le plus énorme, pour moi là depuis juste 5 mois, c'est que les parents d'élèves aussi viennent te taper la bise ! Là, ça m'a quand-même un peu surpris ! J'étais en train de dire au revoir aux élèves le soir de la rentrée et "hop" une mère d'élève s'approche pour m'embrasser et me souhaiter plein de bonnes choses. Je serais sur place depuis 2/3 ans j'aurais moins été étonné mais bon c'est l'usage. Du coup, j'ai passé mon temps à embrasser les mamans qui venaient vers moi... comme elles ont mon âge, c'est plutôt agréable ! Hé, hé...

Ensuite, là c'est le phénomène "école maternelle" qui joue mais quand-même, des élèves m'ont carrément envoyé des cartes de vœux. Je me savais pas trop détesté de mes élèves mais pas franchement apprécié à ce point-là. Bon "el profe" c'est un peu Dieu sur terre pour les gaminous mais c'est quand-même adorable de voir que les petits s'attachent à vous si facilement et avec autant de sincérité. Après tout ça, je discute avec un instit de primaire du "cole(gio)" dont j'ai la fille comme élève et, après nous être adressés quantité de vœux, il me dit "S. nous parle tout le temps de toi à la maison, elle t'apprécie beaucoup, je sais pas ce que tu lui as fait". Ah ? Et bien... moi qui étais un prof d'espagnol assez raide en France, ce genre de compliment touche... et c'est ça qui est bon en Espagne : tu fais une connerie, on te le dit directement et sans trop te ménager, mais à côté on te complimente "gratuitement" juste pour faire plaisir. Ce genre de rapport n'existe pas en France où tout est beaucoup plus complexe, dans le non-dit à la fois pour les bonnes et pour les mauvaises choses.

Enfin, nous avions repris le 10 janvier... mon anniversaire c'était le 2 janvier. Une collègue l'avait noté je ne sais où et paf ! Après la tournée des vœux, 8 jours après tous les collègues me tombent dessus pour me souhaiter chaleureusement un bon anniversaire... 8 jours après, regrettant presque qu'on ne puisse pas me le souhaiter en temps et en heure.
***
Alors quand comme moi, on a un vieux de coup de blues après avoir quitté ses amis en France, franchement atterrir dans cette ambiance (même si elle est superficielle) aide à relever la tête.

2 commentaires:

  1. :)) comme ça tu ne peux pas oublier que tu te fais vieux...

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  2. Sympa en effet, ça doit changer de la France... et ça me rappelle un peu l'ambiance de l'Inde.

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